Bonsoir Mathieu,
Depuis quelques temps, les pensées ont comme moins d'importance. Elles sont moins crues, et il y a moins d'identification.
Elles sont toujours fausses, des approximations... 😊 Elles ne peuvent que tourner autour du pot. Parce que la vie est un processus dynamique, fluide, un renouvellement constant, et que les pensées sont des fixations de l'instant, comme des photos. La seule vérité ne peut être que vécue, en adéquation, justesse avec ce qui est dans l’instant.
Les pensées servent souvent à construire une identité, une représentation de soi et du monde, tout ça fondée sur des croyances.. Elles servent d'auto-justification, de défense, elles servent à construire un réseau de croyances, certitudes rassurantes...
Et tu n'as que deux choix : soit tu les crois (et tu vis le scénario qu'elles déterminent), soit tu les questionnes...
Plus les croyances sont questionnées en profondeur, plus elles s'évanouissent et moins il y a d'énergie investie dans la défense d'une identité (cette défense se manifestant par de la réactivité, des affects, des pensées défensives, auto-justificatives, des hauts et des bas...), moins la fonction pensée est active (mais les pensées ne sont pas un problème en soi, la pensée est un outil qui a son utilité. Il serait plus juste de dire "plus la fonction "pensée" reste à la place qui est la sienne…)
L'énergie dans la réactivité, les hauts et les bas, la peur et tout ce qu'elle mobilise, les affects, la pensée compulsive sont proportionnels à l’investissement dans la croyance d’être quelqu’un, un moi affublé d’attributs, ayant un contrôle sur lui et son environnement.
Ce que tu as décrit ici :
Dans les moments où tu es pris par une situation qui déclenche une tension, comment réagis-tu ? Comment le vis-tu ?
Les réactions dans ces cas là sont des réactions habituelles: de la joie s'il y a une grande satisfaction, de la tristesse s'il y a une grandedéception, et toute la gamme des réactions entre les 2, qui ne sont la plupart du temps que des petites tensions.
Si tu questionnes la situation, tu trouveras la croyance : « Je trouverai bonheur, plénitude… etc. si j’obtiens l’objet de mon attente, si la réalité va dans tel sens » (et « malheur et tristesse si les choses vont dans une autre direction »).
Ici, on questionne cette croyance de base d’être un moi ayant un contrôle sur le monde, et sa déconstruction (par simple observation, dévoilement de ce qui est en réalité, pas par un remplacement par d’autres croyances) réoriente l’énergie. D’où les symptômes de moins de réactivités, pensées défensives, auto justificatives, hauts et bas…
L'attention se tourne plus vers l'écoute elle même et moins vers les objets.
C’est ça…
Les objets concernent le « personnage » : c’est lui qui les crée et les projette par ses attentes et ses peurs.
Mais en fait il y a juste sensation, que ce soit voir ou entendre, ou sentir... C'est, un, là, sans que ce soit intérieur ou extérieur. En ce sens on pourrait dire que tout est intérieur, ou tout est extérieur (plutôt intérieur peut être). donc autant ne pas qualifier.
C’est aussi mon expérience.
C’est d’ailleurs de là que sont perçu tout ça :
mais il y a beaucoup de moments dans lesquels l'attention est captée par autre chose (l'instant, les pensées...). Dans ces moments il y a un fonctionnement 'habituel' égotique séparé.
L'impression est que l'ego semble s'accrocher à son existence, il ne veut pas trop baisser la garde. Comment l'accompagner pour lui montrer sa non existence ?
Il est juste observé que parfois les sensations sont des sensations de contraction, et d'autres fois d'expansion
.
Ce que je disais c'est qu'il y a oscillation entre des moments d'attention et des moments inattention.
Non bien sur que rien ne s'interrompt, mais parfois il y a inattention, je me prends pour le personnage et suis embarqué par ce qui est transitoire, il y a alors une forme de contraction.
Tout ceci apparaît et disparaît dans l’espace depuis lequel il y a perception. Du corps, des pensées, des affects, émotions, sensations, des objets, tout ceci étant perçu dans le même plan, ni extérieur, ni intérieur (effectivement on dirait plutôt intérieur).
Où se situe Mathieu au fond ? Où est la constante ?
Et où est le temporaire, le transitoire ?
La constante est la vie, ce qui perçoit. Tout le reste est transitoire.
C'est ça.
Le "personnage" n'est qu'un symptôme, l'expression transitoire de croyances non questionnées. Il née sous l'effet d'un déclencheur et disparaît...
Non bien sur que rien ne s'interrompt, mais parfois il y a inattention, je me prends pour le personnage et suis embarqué par ce qui est transitoire, il y a alors une forme de contraction.
Cet espace dans lequel tout apparaît et disparaît est toujours là, jamais perturbé et toujours attentif puisque tu peux te remémorer les moments où tu paraissait habiter un personnage.
Le « personnage » et le scénario qu’il suit ne sont pas un problème (il n’est un problème que pour un autre personnage d’un autre scénario où la vie idéale serait une mer plane sans vague. Lui aussi a son propre idéal de contrôle déguisé sous un costume de zénitude).
Ce « personnage et son scénario ne sont que des symptômes. Des symptômes précieux qui révèlent les croyances sous-jacentes et inconscientes qui créent et mobilisent le personnage dans son histoire. C’est matière à observer, à questionner, à comprendre et c’est en ça que c’est précieux.
La démarche est une démarche par la négative : on ne recherche pas un éveil, la paix, le bonheur… On se sépare de ce qui le voile de temps en temps (tout le temps pour beaucoup, tant la confusion règne), pour retrouver la paix qui est notre espace naturel. Et cette séparation n’est pas un acte délibéré. Elle se produit toute seule par le questionnement et la compréhension, le dévoilement du faux.
Comme dit Byron Katie : « je ne lâche pas, mes concepts, je les questionne. Ensuite ce sont eux qui me lâchent. »
Les moments où tu sembles quitter la présence paisible pour être happé dans un scénario sont des moments à vivre pour être questionnés et compris. En temps réel si possible, ou si la situation est trop stressante à tête reposée.
Après, ce questionnement peut se faire par de la méditation par exemple. J’aime bien le Travail de Byron Katie. Je trouve que c’est très pertinent et efficace (c’est jamais qu’une méditation au fond, juste guidée)
À bientôt,
Thierry