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Honorata guided by cattleya
L'éveil, tel que je l'ai vécu.
Ce jour-là, je me suis réveillée.
Et quand j'ai ouvert les yeux, il n'y avait rien à voir.
Rien.
J'ai été happée par la nuit, je n'ai eu le temps de rien.
Je me suis sentie arrachée à la vie.
J'ai été au bout de la terreur.
Comment dire cela ?
J'ai glissé irrémédiablement et physiquement vers la mort, je me suis tenue au coeur de la folie, cette négation de tout, expérimentant simultanément la panique de toutes les parties du moi. Tout est retourné au chaos. Tout a disparu à part la peur : les concepts les plus fondamentaux, les sens, je n'avais plus aucune mémoire, au point d'ignorer qui et où j'étais, d'oublier même que j'avais une fille, d'oublier jusqu'au sens du mot "enfant"... Il n'y avait plus rien en moi que cette terreur de mourir.
L'expérience de l'Enfer, en somme. Très exactement.
L'éveil...
Voilà à quoi a ressemblé mon éveil.
J'avais imaginé un état de grâce, un soulèvement léger, l'énergie tranquille des Vierges pâles, une super-rando accélérée à travers les galaxies, l'accueil d'Ancêtres barbus, que sais-je.. l'Il-lu-mi-na-tion, quoi!...
Et moi j'étais là, à hurler de peur...
Et soudain, depuis le fin fond de l'ombre, quelque chose en moi a trouvé son chemin, comme une rivière déchainée qui aurait rompu son barrage, du fin fond de mon corps même oui, une énergie de vie, débordante, une pulsion d'amour absolu, une énergie de fusion sexuelle, divine, amoureuse, amicale, maternelle, paternelle... une synthèse de tous les sentiments d'amour à la fois.
J'étais la VIE même! la VIE!
Voici ce qui est venu me chercher tout là-bas au fond du noir absolu. Cela est venu et m'a ramenée.
Et à nouveau mes yeux se sont ouverts.
La nuit s'était levée. C'était fini.
Et ce n'était plus un nouveau jour qui commençait, non. C'était LE jour.
Un jour aux dimensions colossales.
J'étais réveillée, oui, mais les mécaniques célestes prennent leur temps.
Il m'a fallu des mois pour comprendre ce qui m'était arrivé. Cette expérience m'a hantée. Je l'ai refusée. J'ai beaucoup pleuré. Mon cerveau a connu des nuits d'angoisse, jusqu'à ce qu'il évacue toutes les substances chimiques qui le faisaient baigner dans l'illusion du je. Un vrai sevrage. Toxicomane à l'ego. Voilà ce que j'étais.
Depuis, je somnole. Je n'ai jamais été très prompte à sauter du lit le matin. Je ne m'illusionne plus, je rêvasse avec une sorte de délectation.
Et dire que l'aube se lève à peine...